À l’occasion d’Octobre Rose, mois mondial de sensibilisation au cancer du sein, Comor’Lab a organisé, en partenariat avec l’Association comorienne de lutte contre le cancer chez la femme (ACCF), une table ronde le samedi 18 octobre dernier à Moroni autour du thème « santé et ambition : prendre soin de soi, quand on est entrepreneur ».
L’événement a rassemblé des entrepreneurs de Djuzo Djema, des bénéficiaires du projet Nguzo Mshindzi, ainsi que des enseignantes, sages-femmes et responsables associatifs, pour un moment d’échanges entre engagement professionnel et bien-être personnel. La rencontre, placée sous le signe du partage, a permis de combiner témoignages émouvants, sensibilisation médicale et discussions sur le leadership féminin. Au programme : partages d’expériences inspirants, conseils en santé, motivation et networking. Pour Mohamed Chayima, chargée d’incubation et d’accompagnement à Comor’Lab, cette initiative traduit une conviction forte. « On ne peut pas entreprendre ni réussir sans prendre soin de soi. La santé est le premier capital de toute entrepreneure. C’est pourquoi nous avons voulu joindre la prévention du cancer du sein à la promotion de l’autonomie économique des femmes. »
Elle souligne également l’importance d’impliquer les hommes dans cette lutte :« Nos frères, nos cousins, nos maris doivent être à nos côtés dans cette démarche. La santé des femmes, c’est la santé de la famille. » Les échanges ont rappelé que le cancer du sein ne concerne pas seulement les femmes âgées. Des témoignages poignants ont bouleversé l’assistance : Une jeune femme de 25 ans décédée en 2024 et une autre à l’âge de 31 ans, abandonnée par son mari après son diagnostic ; une autre, morte à 26 ans, dont la famille n’avait pas pris au sérieux les signes précoces ; une femme de 35 ans, a subi une double mastectomie avant de succomber à la maladie. Ces témoignages illustrent l’urgence de rompre le silence et de faire du dépistage un réflexe. Comme l’a rappelé la responsable des sensibilisations, Assoumani Hazna. « Certaines femmes viennent se faire dépister et une fois qu’on leurs donne les résultats de la mammographie, elles n’osent pas revenir chercher les résultats, par honte. C’est ce tabou qu’il faut briser.
Hachimiat Dada, sage-femme et point focal des dépistages à l’hôpital El-Maarouf, a profité de la table ronde pour rappeler les gestes simples d’auto-examen :« Deux ou trois jours après les règles, on se place devant le miroir, on observe les seins pour voir s’il n’y a pas de changement. On palpe doucement en quatre zones, on vérifie les aisselles, et on pince les mamelons pour s’assurer qu’il n’y a pas d’écoulement. » Elle a aussi insisté sur le rôle central des femmes dans la société : « La femme est le pilier de la famille. Si elle tombe malade, c’est tout l’équilibre qui s’effondre. Il faut apprendre à prendre soin de soi avant de prendre soin des autres. »
Faute de service d’oncologie dans le pays, les personnes atteintes doivent se rendre à l’étranger pour être soignées, ce qui rend le dépistage précoce encore plus vital. Selon les professionnels de santé, les facteurs de risque incluent notamment l’obésité, l’hérédité, la consommation d’alcool et le tabagisme. Les experts recommandent de faire une mammographie tous les deux ans. Ils rappellent aussi que 1% des hommes peuvent être touchés par le cancer du sein : « Ce n’est pas une maladie des femmes seulement. Tout le monde doit être vigilant. »
Cette table ronde n’était qu’une étape d’un mois d’actions. Une marche de sensibilisation est prévue le 1er novembre pour clôturer la campagne Octobre Rose aux Comores. À travers cet événement, Comor’Lab et l’ACCF affirment leur volonté de lier santé, entrepreneuriat et solidarité. Car, comme le résume une participante : « Être ambitieuse, c’est aussi savoir s’aimer et se protéger. »
Mohamed Ali Nasra
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