Pour connaitre un peu plus le travail acharné des hommes du colonel Soilihi Abdallah Rafick et comment l’institution gère les cas de catastrophes naturelles, La Gazette des Comores s’est rapprochée du directeur général de la sécurité civile. Il a accepté de répondre à nos questions.
Question : Quels sont les principaux défis auxquels les communautés en particulier de Ngazidja font face lors des inondations, et comment la DGSC gère l’urgence ?
Colonel Rafick : Lors des inondations, les communautés toutes îles confondues, font face à plusieurs défis majeurs. D’abord l’inondation des habitations, citernes et latrines, augmentant les risques sanitaires à savoir les maladies hydriques (choléra, typhoïde) et les maladies dues à la stagnation des eaux (paludisme et dengue) causées par la contamination des sources d’eaux. Ensuite la destruction des cultures agricoles, pertes de cheptel, déplacement de familles. Et enfin les dégâts sur les infrastructures essentielles : routes, écoles, hôpitaux, ponts et télécommunications.
En ce qui nous concerne, plusieurs solutions sont proposées par la sécurité civile comme la distribution de kits alimentaires, d’eau potable et d’ustensiles de base aux familles déplacées, le nettoyage et la désinfection des citernes, maisons et établissements scolaires inondés et la mise en place de dispositifs de lavage des mains et campagnes de sensibilisation sur l’hygiène. La grande mission est la réhabilitation des infrastructures stratégiques pour prévenir les risques futurs.
Question : Quelles mesures en cas d’alerte d’une éruption volcanique ?
Colonel Rafick : Depuis mon arrivée à la DGSC, plusieurs mesures ont été prises pour informer et protéger les populations face aux risques du Karthala. Nous avons mis en place un plan de secours spécifique Karthala (PLAN KARTHALA), qui définit les niveaux d’alerte pour informer la population selon le type d’éruption, prévoit des procédures d’alerte et de secours pour réduire les impacts des éruptions et identifie les moyens humains et matériels nécessaires. Après, nous avons défini des zones et des plans d’évacuation, en commençant par la délimitation des zones d’évacuation et l’élaboration d’un plan en cours d’actualisation.
Il y a eu surtout le renforcement institutionnel par l’adoption de cadres légaux (la Plateforme nationale de réduction de risques de catastrophes, la Stratégie nationale de réduction de risque de catastrophes, le Fonds national d’urgence et de résilience en attente de signature, la Loi sur la Gestion de risques de catastrophes) tout cela pour mieux se préparer aux urgences.
Question : La gestion des risques naturels aux Comores, est-elle suffisamment coordonnée entre les autorités locales, la sécurité civile et les partenaires internationaux ?
Colonel Rafick: La gestion des risques naturels aux Comores repose sur une plateforme nationale, conçue comme un mécanisme de coordination multisectorielle et multidisciplinaire pour la réduction des risques de catastrophe (RRC), avec la participation des parties prenantes nationales et insulaires.
Cependant, plusieurs améliorations sont nécessaires notamment de commencer par renforcer l’inclusive en intégrant activement tous les intervenants concernés. Puis organiser des réunions régulières pour maintenir une dynamique de concertation continue. Et surtout optimiser la participation pour essayer de remplacer les membres peu engagés par des acteurs plus impliqués. Toutefois, je reste convaincu que la planification repose sur la mobilisation davantage de ressources pour garantir des financements adaptés à la mise en œuvre des actions. Et améliorer la communication pour favoriser un échange efficace d’informations entre les parties prenantes.
Question : Comment la sécurité civile contribue-t-elle à sensibiliser et à former les communautés pour réduire leur vulnérabilité face aux catastrophes naturelles ?
Colonel Rafick: La sécurité civile étant l’entité nationale de Gestion des risques de catastrophes, elle remplit activement son rôle lié à la prévention des risques en sensibilisant et en formant les communautés villageoises à plusieurs reprises, afin de réduire leur vulnérabilité face aux catastrophes naturelles. Pour assurer cette sensibilisation, la DGSC mène des activités, telles que former des populations vulnérables (les femmes, les personnes vivants avec handicap, les personnes âgées et les jeunes) sur la compréhension des messages d’alerte précoce.
Nous avons opté à l’organisation des campagnes de sensibilisation dans les villages écoles et centres communautaires pour informer sur les risques spécifiques et les actions à entreprendre en conséquence. Mais aussi à renforcer leurs capacités en leur permettant de jouer un rôle de relais actif et fiable en attendant l’intervention de la sécurité civile en cas de crise. Et d’inculquer un sentiment de responsabilité collective sur l’implication des communautés dans les activités de réduction des risques de catastrophes pour renforcer leur résilience.
Question: Quels sont les principaux besoins en termes de ressources humaines, matérielles ou financières pour renforcer la gestion des risques naturels ?
Colonel Rafick : Pour renforcer la gestion des risques naturels aux Comores, les besoins prioritaires sont, concernant les ressources humaines, former les acteurs locaux en gestion des risques et recruter pour combler les lacunes dans les domaines critiques comme la planification, la prévention, l’ingénierie et la réponse aux crises. Pour les ressources matérielles en nous fournissant des équipements modernes (un vecteur aérien, un vecteur maritime, des systèmes d’alerte, un satellite, des outils de cartographie, kits d’urgence) et avoir des entrepôts stratégiques de matériel de premiers secours capables de prendre en charge 5000 familles dans la réponse à l’urgence et d’intervenir sur au moins 3 théâtres d’opération en même temps. Et au niveau des ressources financières, mobiliser durablement des fonds via le FNUR et des partenariats avec des bailleurs pour soutenir les actions de prévention, de préparation et de réponse.
Je voudrais à ce titre saluer infiniment le chef de l’Etat, Azali ASOUMANI, qui lors des sommets de l’Union Africaine en février dernier et lors du dernier sommet Corée-Afrique, a porté personnellement nos projets et plaidé en notre faveur auprès des bailleurs, à ce jour nous commençons à voir les retombées, c’est dire la rapidité de nos partenaires financiers et l’efficacité du Président dans ses négociations.
Propos recueillis par Mohamed Ali Nasra
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