Une piste rurale qui va changer la vie de tout un peuple, reliant Ongojou, Kyo et Komoni. Sous un soleil de plomb et dans une ambiance populaire ce samedi 8 novembre, la commune d’Ongojou, au sud de Nyoumakélé, a vibré au rythme d’un événement historique : l’inauguration officielle de la piste rurale, longue de 5 km. Près d’un millier de citoyens se sont rassemblés pour accueillir le gouverneur de l’île, venu couper le ruban symbolique à Kyo. Ce chantier financé par la Banque mondiale, dans le cadre du Projet Intégré de Développement des Comores (PIDC) et du FSRP (Projet Résilient du Système Alimentaire), marque une étape majeure dans le désenclavement des 11 080 habitants de la région sud de Nyoumakélé, longtemps isolée du reste de l’île.
La cérémonie s’est tenue à Komoni et le ruban coupé à Kyo. Dans son discours, le gouverneur a plaidé pour le vivre ensemble et mis en garde contre « la mauvaise tentation (fitna) », qu’il a qualifiée de « péché dévastateur ». Il a souligné que « cette voie va réellement écourter le chemin et faciliter la vie des populations rurales ». Appelant à une réflexion sur la route Papani-Mramani, il a salué la vision du président Azali Assoumani, « venu avec une idée claire du développement à travers des projets structurants ». L’émotion était palpable parmi les villageois. Pour beaucoup, cette inauguration marque la fin de deux décennies d’isolement. « Finie la grande épreuve de porter nos mères sur les épaules pour les conduire à l’hôpital », témoignent plusieurs femmes. Les jeunes, eux, évoquent un souffle nouveau : « Cette piste, c’est l’égalité des chances économiques, sociales et sanitaires », lance un étudiant du village.
Une impulsion économique et sociale. Le représentant de la Banque mondiale, Boubacar Sid Barry, a rappelé que plus d’un milliard de francs comoriens ont été investis dans cette infrastructure destinée à « accompagner une économie inclusive ». Selon lui, la route doit « stimuler la compétitivité des générations, soutenir l’élevage et réduire le coût alimentaire grâce à la transformation agricole ». Le ministre de l’Agriculture, Dr Daniel Bandar, enfant de la région, a pour sa part annoncé que de nouveaux tronçons seront bientôt réalisés : Ngadzale-Outsa, Ngadzale-Ouzini et Jimilime-Ouani. « Le travail de la Banque mondiale se termine aujourd’hui, mais le nôtre commence maintenant », a-t-il insisté, appelant la population à assurer l’entretien durable de cette nouvelle route.
Une communauté unie et reconnaissante. Le maire Nassurdîne Oili, visiblement ému, a salué « un projet qui répond aux vœux du ministre de l’agriculture et a prié pour « d’autres chantiers résilients ». Les cinq villages de la commune ont unanimement déclaré cette voie « route nationale », symbole de leur unité retrouvée. Ancien ministre et fils du terroir, Djazila a rappelé que « ce projet date de plus de vingt ans » et a exhorté les chauffeurs à la prudence : « L’excès de vitesse ne favorise personne ». La cérémonie s’est clôturée par la coupure du ruban à Kyo, sous les applaudissements de la foule. Avant de se disperser, un jeune cadre, Msoma, a formulé un dernier vœu : « Puisque la sécurité n’a pas de prix, notre région mérite désormais un poste de police ». Ainsi, à travers cette piste rurale, Nyoumakélé Sud ne gagne pas seulement une route, elle retrouve une dignité, une ouverture, et l’espoir d’un avenir plus équitable.
Younes
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