Le chiffre des comoriens expulsés de Mayotte vers Anjouan entre le 1er et le 23 avril dernier, est de 870 comoriens. Dans un communiqué, le gouverneur de l’ile, sort du silence et défend la souveraineté des Comores, un combat long mais possible avec le temps selon lui.
Pratiquement tous les jours des comoriens sont « reconduits à la frontière », c’est-à-dire expulsés de Mayotte vers Anjouan, car considérés par les autorités d’occupation comme « en situation irrégulière » sur une partie de leur territoire encore administrée par l’ancienne puissance coloniale. 39 expulsés le 1er avril, puis 51 trois jours plus tard, et la série continue jusqu’au 23 avril, où le dernier convoi maritime transporte 100 expulsés. Un record. La France exerce de tout son poids sa politique d’annexion de la quatrième île de l'archipel, en y menant des opérations de purge telle que « Wuambushu », aux mépris du droit international qui interdit tout déplacement forcé d’une population.
Cette situation a conduit à une résignation généralisée et à une apathie de la part des hommes politiques, de la société civile et des citoyens ordinaires. Pour le gouverneur de l’île d’Anjouan Anissi Chamssidine, il est urgent de réagir et de prendre des mesures pour restaurer la souveraineté de l'archipel. Il est nécessaire de mobiliser la communauté internationale et de plaider en faveur d'une autre écoute de nos revendications, selon lui.
Dans un communiqué du gouverneur Anissi, on retient que «Wuabushu 2, prétendument contre la délinquance de bande, l’immigration clandestine, l’habitat illégal, est en réalité une nouvelle volonté de perturbation de cet espace. Le temps est peut-être venu, non pas de se montrer réactif face à telle ou telle autre agression de la part de la France à Maore, mais de construire d’autres alternatives face à ce qui paraît inéluctable »
Il est temps de repenser notre riposte face à l'adversité coloniale et de ne plus accepter passivement les abus de pouvoir de la France. Les événements récents, tels que le drame survenu à Ndzouani, mettent en lumière l'absurdité de la situation actuelle. « Les forces de l'ordre locales tirent sur des citoyens qui tentent de se rendre à Maore, laissant la France se moquer » de leur confusion et de leur désunion. Il est nécessaire de prendre conscience de notre responsabilité collective et d'agir de manière concertée pour mettre fin à cette situation inacceptable. Et Anissi de s’interroger sur la présence de la PAF française.
Dans son communiqué le chef de l’exécutif d’Anjouan juge « impératif de dénoncer publiquement les violations des droits de l'homme » par la France dans l'archipel avec son opération Wuambushu d’expulsions massives. « Il est inacceptable que des Comoriens soient victimes de violence armée lorsqu'ils tentent de rejoindre l'île occupée ». Rappelons qu’une victime blessée par balle serait actuellement à La Réunion pour des soins.
L’auteur du communiqué entrevoit une lueur d’espoir, estiment « qu’ensemble, nous avons le pouvoir de changer les choses et de mettre fin à cette situation d'oppression et de colonisation ». Et de conclure en se demandant « où sont passés les cerveaux de ce pays ? (…) Car nous nous situons, je le crains, à un moment décisif du destin archipélique. Nous ne pourrons pas toujours dire que nous ne savions pas que le pays allait s’éteindre… »
Nabil Jaffar
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