« Nos athlètes ont besoin d'un vrai accompagnement » Invité de la plateforme Comores Presse Sportive, Hilmy Aboud Saïd s'est entretenu avec la presse sportive comorienne. Président de la Fédération Comorienne d'Athlétisme (FCA), il a évoqué entre autres la crise actuelle liée au coronavirus, la formation des cadres, l'évolution de la discipline mais aussi ses relations avec le Cosic et le Ministère des sports. Comores Presse Sportive : Vous étiez sur le point d'organiser le championnat national. Mais en raison du coronavirus et des soucis financiers, il a été reporté jusqu'à nouvel ordre. Comment allez-vous rattraper alors qu’on n’en sait rien sur la fin de la pandémie ?
Hilmy Aboud Said : Effectivement, nous souhaitions organiser notre championnat national au mois de juin. Mais comme tout le monde le sait, depuis le mois de mars tout a été décalé dans un premier temps, annulé et ou reporté dans un second. En ce qui nous concerne, la mal chance qu'on a est que nos meilleurs athlètes ne sont pas nombreux. Ils seront facilement identifiables même si nous n'aurons pas le temps d'organiser beaucoup de compétitions régionales. Nos athlètes ont déjà repris individuellement les entraînements. On attend voir l'évolution de la situation et les mesures qui seront pris par le gouvernement. Nous espérons tout de même pouvoir organiser le championnat national entre octobre et décembre 2020. Nous avons aussi des soucis financiers pour la simple raison que le gouvernement comorien à travers notre ministère de tutelle n'a jamais financé notre fédération. Nous dépendons exclusivement de la subvention de la fédération internationale. Une subvention de l'ordre de 6 millions Kmf par an. Notre financement provient aussi parfois d'aide de particuliers ou de fédérations amies.
Avec la crise actuelle liée au Coronavirus, comment se porte le monde de l'athlétisme de manière générale. Y-a-t-il une solidarité entre la fédération internationale d'athlétisme et ses différents membres pour faire face à la pandémie ?
HAS : En effet, il y a une très forte solidarité avec la fédération internationale d'athlétisme. Nous sommes en contact permanent avec elle et nous accompagne comme elle peu. Elle a cherché à connaitre la situation dans le pays et comment on fait face à la pandémie. Notre organisation et ce dont nous prévoyons de faire. Nous avons monté ensemble un projet que l'on a appelé " L'Athlétisme, c'est vous ! " qui sera axé sur la formation des cadres. Il est aussi question de mener des actions et des partenariats avec le système scolaire via notre programme Kids Athletics, et ayant comme finalité de pouvoir organiser des jeux scolaires en partenariat avec la Fédération du sport scolaire, le ministère et le Cosic. Entre autres, nous sommes actuellement en pourparlers avec la fédération malagasy qui traverse la même situation que nous. Nous avons comme projet d'envoyer une délégation pour participer aux différentes compétions qu'elle va organiser.
Vous avez en face les JO Tokyo 2020 reportés pour 2021 et les Mondiaux prévus du 15 au 24 juillet 2022 à Eugene aux Usa. Comment préparez-vous ces deux tournois majeurs et qui sont les athlètes susceptibles d'y participer ?
HAS : Je pense que la des athlètes s'étaient préparés pour 2020. Malheureusement les JO sont reportés en 2021. Mais heureusement pour nous ce report est une bonne chose. D'une part nous avons pu recruter de très jeunes athlètes. Depuis les dernières Jeux des îles à Maurice, nous comptons quatre nouveaux jeunes expatriés d'un très bon niveau. Toyb Gildas, Karani Assadillah, Soudjay Mouhanaf et Quentin Petit. Ils ont entre 21 et 23 ans. Il y en a un qui sort du lot, Toyb Gildas qui a couru 100 m en 10.50 et qui a déjà fait 20.99 au 200 m. D'autre part, ce report leur permet d'avoir une année supplémentaire pour se préparer aux qualifications pour les JO et les Mondiaux. On compte vraiment sur eux pour pouvoir nous représenter dignement et fièrement lors des prochaines compétitions internationales.
L'athlétisme reste la discipline comptant le plus de médailles aux Comores mais elle manque d'infrastructures et très peu s'y intéresse. Comment la FCA envisage de rendre plus accessible et populaire cette discipline ?
HAS : Malheureusement pour nous et pour le sport en général, le football est le sport roi. La discipline la plus populaire. En général, les médias ne parlent que du football. Encore plus chez nous avec la mise en avant des Cœlacanthes. Mais c'est bien vrai que depuis 2003, l'athlétisme est la fédération qui a obtenu le plus de médailles. Que ça soit au niveau continental ou dans les Jeux des îles de l'Océan Indien. Nous avons eu par exemple une médaille de Champion d'Afrique en 2009, une 3è place en 2015 au championnat d'Afrique cadets. Mais avec tous ces performances, nous manquons encore de considération. C'est quelque part un peu de notre faute car nous ne communiquons pas beaucoup. Je le reconnais. Raisons pour laquelle nous avons mis en place il quelques mois une équipe chargée de la communication avec un site internet et une présence active sur les réseaux sociaux. C'est la première chose qui a été mise en place pour essayer de rendre la discipline plus populaire. Et par la suite encourager des jeunes à nous rejoindre. Pour ce qui est des infrastructures, nous n'en avions pas. Mais maintenant avec le complexe de Maluzini, nous espérons dès que les règlements et les conditions seront claires l'utiliser pour nos compétitions.
Depuis les jeux de la Cjsoi à Djibouti en 2018 puis dernièrement aux JIOI 2019 à Maurice, l'on constate que la performance des athlètes est de plus en plus basse. Comment expliquer ce phénomène et comment allez-vous y remédier ?
HAS : Le niveau est très bas localement et cela ne date pas des Cjsoi 2018. Je ne vais pas parler des expatriés puisqu’ils ne bénéficient pas des mêmes conditions. Avec eux, je ne suis pas inquiet pour les JIOI 2023. C'est au niveau nationale que ça stagne. Et pour y remédier, nous avons décidé de former des cadres. Nous avons fait le constat que nos entraîneurs, qui ne sont pas nombreux, ont un niveau très faible. Il y a des choses qui ont été déjà mises en place et validé par la fédération internationale. Très prochainement, sous la houlette de notre conférencière et chargée de la formation Haoulata Ahamada (certifiée par la WA), nous allons mettre en place des mini-formations qui vont déboucher sur des formations d’entraîneurs de niveau 1 et 2. Ce qui nous permettra d'avoir des cadres mieux formés et mieux accompagné qui feront évoluer les athlètes.
On évoque souvent les seniors et les expatriés qui renforcent l'équipe nationale pour les différentes compétitions internationales mais on oublie parfois que la majeure partie des athlètes locaux sont peu formés. Quelle politique de formation et d'encadrement pour la jeune génération au-delà de la formation des cadres ?
Aux Comores, à part les petites actions et les petits projets qui sortent de la fédération, il n'existe rien d'autre. Nous n'avons jamais eu de soutien de notre ministère de tutelle. On ne répond même pas à nos courriels et nos sollicitations. Nous avons une bonne relation avec le ministère mais c'est juste moral. J'espère que cela va changer. Il y’a des domaines où on n'a pas forcément besoin d'une aide extérieur. Par exemple, avec la formation des entraîneurs. Avec un petit peu de moyens, nous pouvons le faire au niveau local. Au sortir des JIOI 2019, vous avez tous vu les performances de Miftahou Mohamed. Pour rappel il est médaillé de bronze au championnat d'Afrique cadet en 2015. Nous avons essayé de l'aider en négociant une bourse pour évoluer dans un centre de haut niveau à Djibouti. Nous avons impliqué le ministère mais ne s'est jamais acquitté de sa part. Aujourd'hui, j'aimerai que notre relation très courtoise puisse se concrétiser en actes concrets pour que l'on puisse avancer et valoriser nos athlètes qui ont besoin d'un vrai accompagnement.
C’est votre deuxième mandat de la Fédération Comorienne d'Athlétisme. Pensez-vous vous représenter aux prochaines élections de la FCA ?
HAS : J'étais élu pour la première fois en 2006 en tant que Secrétaire Général de la FCA et en 2010 en tant que président. Les nouvelles élections auront lieu dans le dernier trimestre de 2020. Mais je pense que d'autres personnes peuvent aussi montrer leurs compétences en assumant ce poste qui n'est pas du facile. Je ne pense pas me représenter en tant que président. Ce qui ne veut pas dire que je quitte pour autant la fédération. Depuis 2015, je suis membre de la Confédération africaine d'athlétisme (CAA) avec un mandat qui court jusqu'en 2023. Ce qui me donne de facto un statut de membre de droit au sein de la FCA.
Propos recueillis par BH
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